Publié le : 28/08/2025
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C’est une question que se posent de nombreux parents actifs, parfois dès les premiers mois de la parentalité : "Dois-je choisir entre ma carrière et ma relation avec mes enfants ?" Le dilemme entre ambition professionnelle et épanouissement familial semble insoluble, et pourtant, une autre voie est possible.
Dans cet article, nous vous proposons de prendre du recul sur cette problématique, en explorant des pistes concrètes pour concilier parentalité et ambition professionnelle, tout en préservant un lien fort et de qualité avec vos enfants.
Une pression silencieuse mais bien réelle
Dès la naissance d’un enfant, les parents sont soumis à une double injonction : réussir professionnellement et être un parent présent, bienveillant, engagé. Cette pression est particulièrement forte dans notre société où la réussite se mesure souvent à l’aune du statut, du salaire, des responsabilités assumées... et où l’on valorise en parallèle une parentalité "exemplaire", investie à chaque instant.
Mais peut-on réellement tout avoir ? Et surtout, à quel prix ?
Le piège du sacrifice : une fausse solution
De nombreux parents croient, souvent à tort, que réussir professionnellement implique nécessairement de renoncer à du temps avec leurs enfants. C’est ce que l’on appelle le « mythe du sacrifice », qui repose sur une vision binaire : plus je travaille, moins je suis un bon parent.
Or, cette croyance est non seulement anxiogène, mais aussi contre-productive. Elle nourrit la culpabilité, le stress, le sentiment d’être constamment "à côté de sa vie", que ce soit au bureau ou à la maison.
Ce que dit la recherche : l’importance de la qualité du lien
Le professeur Jeff Greenhaus, expert en conciliation vie professionnelle et vie personnelle, a publié une étude phare il y a une vingtaine d’années. Ses conclusions sont toujours d’actualité : le bien-être émotionnel des enfants ne dépend pas du temps absolu passé avec eux, mais de la qualité de ce temps.
Plus encore, l’étude souligne que les enfants s’épanouissent davantage lorsque leurs parents perçoivent leur travail positivement, comme une source de stimulation, de plaisir et de sens. A contrario, un parent stressé, frustré ou accaparé par des pensées professionnelles même lorsqu’il est physiquement présent, transmet ce mal-être aux enfants.
Le rôle-clé de la perception du travail
Vous êtes-vous déjà demandé comment vous parlez de votre travail à la maison ? Quelle émotion vous traverse lorsque vous rentrez le soir ? Enthousiasme ? Fatigue ? Irritation ?
Ces signaux, souvent non verbalisés, sont perçus par les enfants. Et ils comptent. L'étude de Greenhaus démontre que la satisfaction professionnelle des parents joue un rôle direct sur le comportement des enfants, bien plus que le nombre d’heures passées ensemble.
Un parent épanoui dans son travail transmet une énergie positive. À l’inverse, un parent épuisé, envahi mentalement par ses tâches professionnelles, même en dehors des heures de bureau, aura plus de mal à établir un lien serein avec ses enfants.
Le piège de la "technoférence"
L’un des risques majeurs pour les parents actifs aujourd’hui est celui de la "technoférence" – un terme qui désigne l’interférence constante des technologies dans les moments familiaux.
Qui n’a jamais consulté ses e-mails en douce pendant que son enfant lui racontait sa journée ? Qui n’a jamais répondu à un message Slack en donnant le bain ? Ces moments sont anodins… jusqu’à ce qu’ils deviennent une habitude.
Les recherches montrent que les interruptions fréquentes liées aux smartphones nuisent à la qualité de la relation parent-enfant. Elles réduisent l’attention, la disponibilité émotionnelle, et peuvent générer chez l’enfant un sentiment de rejet ou de frustration.
Réussir des deux côtés : un objectif atteignable
La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas nécessaire de tout sacrifier pour réussir. Réussir sa carrière et sa vie de parent n’est pas antinomique. Cela demande simplement de revoir certaines croyances et de faire des choix alignés avec ses valeurs.
Voici quelques principes clés pour y parvenir :
1. Réévaluer ses indicateurs de réussite
Il ne s’agit plus de compter les heures passées avec vos enfants, mais de viser des moments de qualité. Un dîner sans téléphone, une promenade en pleine présence, une histoire racontée avec attention valent souvent plus qu’un week-end entier distrait et parasité.
2. Construire une relation saine au travail
Plutôt que de subir son emploi, interrogez-vous sur ce qui vous motive, vous fait vibrer, vous nourrit. Trouver du sens dans son travail est bénéfique pour vous… mais aussi pour vos enfants, qui vous verront épanoui et confiant.
3. Poser des limites claires avec le numérique
Couper ses notifications le soir, éviter d’ouvrir ses e-mails entre 18h et 21h, poser physiquement son téléphone hors de portée pendant les moments en famille : autant de petits gestes qui peuvent avoir un grand impact.
4. Impliquer les enfants dans la vie professionnelle
Parlez-leur de votre métier, de ce qui vous passionne. Expliquez pourquoi vous aimez ce que vous faites. Cela les aidera à comprendre vos absences, et surtout à les intégrer dans une histoire familiale positive, et non comme une perte ou un abandon.
Et si les entreprises avaient aussi un rôle à jouer ?
Concilier parentalité et carrière n’est pas qu’une affaire individuelle. Les entreprises ont une responsabilité majeure dans l’équilibre vie pro/vie perso de leurs collaborateurs.
En valorisant la flexibilité, le droit à la déconnexion, les congés parentaux, en intégrant la parentalité dans leur culture managériale, elles contribuent à la santé mentale de leurs équipes… et à celle des enfants.
Chez Les Parents Zens, nous constatons chaque jour à quel point un environnement de travail respectueux de la parentalité peut transformer la vie des familles. C’est un cercle vertueux : un parent soutenu est un salarié motivé, fidèle, investi.
Choisir la présence, pas la perfection
Alors, faut-il sacrifier sa relation avec ses enfants pour réussir ? Non. Il faut choisir, chaque jour, d’être présent là où l’on est. Avec discernement, équilibre, bienveillance envers soi-même.
Réussir sa vie professionnelle ne devrait jamais se faire au détriment de sa vie familiale. Et inversement, être un parent investi ne signifie pas renoncer à ses ambitions. C’est en cultivant une harmonie intérieure – et en la soutenant par une culture d’entreprise humaine – que chacun peut tracer sa propre voie.
Rédaction : Vincent Puren