Publié le : 27/05/2025
Il y a des journées où tout s’enchaîne sans pause.
À 8h, il finalisait une présentation stratégique. À 8h37, il tente de faire rentrer un sweat trempé dans un sac trop petit tout en répondant à une question existentielle sur les dinosaures.
À 17h55, elle était en réunion avec son équipe. À 18h02, elle se retrouve devant l’école, à consoler un enfant qui a pleuré toute la journée.
Chaque jour, des millions de parents salariés passent ainsi, presque sans transition, d’un rôle à un autre. Avec parfois l’impression d’enchaîner deux vies : la première, professionnelle, cadrée, rythmée par des objectifs. La seconde, familiale, intense, souvent imprévisible.
Et entre les deux ? Peu ou pas de sas. Pas de vraie pause. Juste un changement de lieu, de posture, de ton, de responsabilités.
On parle alors de “conciliation vie professionnelle – vie personnelle”, comme s’il s’agissait de deux mondes parallèles à équilibrer, à faire tenir debout en même temps, en tension permanente.
Mais il est peut-être temps de changer de regard.
Parce qu’en réalité, les parents n’ont pas deux vies à concilier. Ils en ont une seule. Une seule énergie pour tout traverser. Une seule fatigue, une seule mémoire, une seule tendresse, qui circule d’un espace à l’autre, sans toujours avoir le temps de respirer entre deux.
C’est cette vie-là, la leur, qui mérite d’être vue, reconnue, respectée.
Une vie où ils sont pleinement mobilisés, parfois débordés, souvent tiraillés, mais toujours engagés. Une vie qui ne rentre pas dans des cases horaires parfaitement symétriques. Une vie sans bouton pause, ni double fond.
Cette vie unique, les parents la vivent sans doublure, sans répétition générale. Elle déborde parfois. Elle fatigue. Elle émeut aussi. Et elle mérite qu’on l’honore telle qu’elle est : entière.
Reconnaître cela, c’est déjà faire un pas vers plus de justesse.
C’est permettre aux parents de cesser de se juger à l’aune d’un équilibre impossible.
C’est leur rappeler qu’il n’y a rien à optimiser, ni à diviser.
Juste une vie, la leur.
Et c’est déjà beaucoup.
Rédaction : Karine Arquer