Publié le : 05/07/2021
Savez-vous qu’une image corporelle positive est essentielle pour le bon développement de l’enfant ? Une nutritionniste spécialisée vous donne les clés pour la favoriser.
Au Québec, comme dans de nombreux pays développés, la prévalence du surpoids et de l’obésité n’a jamais été aussi élevée, conduisant à de nombreux problèmes de santé. En parallèle, après deux ans de pandémie, les jeunes sont de plus en plus nombreux à développer une insatisfaction corporelle, et le phénomène n’est pas sans conséquence.
De l’importance d’une image corporelle positive
Favoriser le développement d’une image corporelle positive, c’est la mission d’"Équilibre", un organisme à but non lucratif fondé en 1991 au Québec. Son dernier sondage, réalisé en août 2021, montre que 70% des adolescents de 14 à 17 ans ressentent une pression pour se conformer aux standards de beauté et qu’un tiers souhaitent maigrir, peu importe leur poids. Le culte de l’apparence s’impose dès le plus jeune âge : une autre étude rapporte que pas moins du tiers des filles de 9 ans ont déjà essayé de perdre du poids !
« On sous-estime l’importance d’une image corporelle positive, alors qu’elle est fondamentale pour la santé physique et mentale », souligne Andrée-Ann Dufour Bouchard, nutritionniste et cheffe de projets chez Équilibre. Une image corporelle positive est associée à l’adoption d’habitudes de vie favorables à la santé et au bien-être, comme une alimentation plus saine et une relation avec l’activité physique plus équilibrée. Chez les enfants et les adolescents, elle est aussi liée à une meilleure réussite éducative et à un décrochage scolaire plus faible.
Rappelons que le poids est l’une des principales causes d’intimidation à l’école : pour essayer de maigrir, des jeunes peuvent s’inhiber au niveau alimentaire ou s’entraîner de façon excessive, ce qui nuit à leur croissance et à leur développement. Certains vont jusqu’à fumer pour perdre du poids, tandis que d’autres développent des idées suicidaires.
Aider les jeunes à être bien dans leur peau
« L’idée, c’est qu’on veut que notre enfant apprenne à s’aimer pour ce qu’il est, pas juste pour ce dont il a l’air », explique la nutritionniste. Par où commencer?
Soyez un modèle positif. En tant que parent, il est important de s’observer, s’informer et tranquillement changer les choses, par exemple en filtrant les commentaires faits à propos de son propre poids devant les minis. Sans oublier de développer la bienveillance à l’égard de soi-même. Ce n’est pas parce qu’on vit certaines insatisfactions corporelles en tant qu’adulte qu’on ne peut pas aider notre petit!
Veillez à ne pas mettre la pression sur vos enfants pour qu’ils mangent mieux ou qu’ils bougent plus. Misez plutôt sur le bien-être et le plaisir pour améliorer leurs habitudes de vie, par exemple en bougeant en famille ou en cuisinant ensemble. Attention à ne pas associer l’alimentation et l’activité physique au contrôle du poids, pour éviter qu’ils ne se mettent au régime ou fassent de l’activité physique uniquement pour maigrir.
Complimentez votre fils ou votre fille pour ses forces, ses réalisations ou son attitude plutôt que son apparence. Plutôt que de vanter sa beauté, félicitez-le/la pour son sens de l’humour ou sa production artistique. Vous renforcez son estime personnelle en faisant en sorte qu’elle ne repose pas seulement sur son image corporelle.
Apprenez-lui à voir son corps pour ce qu’il est capable d’accomplir. Dans notre société, le corps est un objet de paraître : on l’affiche sur les réseaux sociaux, on l’habille avec des filtres. Et si on revenait à l’essentiel, pour se rappeler qu’il nous permet de jouer, de danser ou de faire des câlins à ceux qu’on aime ?
Encouragez votre jeune à considérer son corps globalement. Il peut arriver à tout le monde de trouver qu’on a pris un peu de poids. Notre corps n’est pas toujours à 100% parfait, mais il est important de globalement s’y sentir bien, et de ne pas passer sa journée à se demander comment se débarrasser de ses kilos supplémentaires !
Exposez-le à davantage de diversité corporelle. Avec des préjugés tenaces à l’égard du poids et une industrie du régime puissante, il n’est pas toujours évident de prendre du recul en se rappelant que tous les corps sont différents. Encouragez-le à faire le ménage dans ses abonnements Instagram pour faire plus de place à la diversité corporelle.
Amenez-le à développer son esprit critique face aux images véhiculées dans les réseaux sociaux. Vous serez surpris de constater à quel point expliquer à un ado que toute une industrie capitalise sur ses insécurités pour gagner de l’argent avec le maquillage, les régimes ou les filtres peut lui ouvrir les yeux.
Restez à l’écoute. Si votre adolescent(e) commence à vous parler de régime, expliquez-lui que ce n’est pas efficace à long terme, que ça va dérégler son corps, que c’est important de manger pendant la puberté car il/elle grandit. Si vous êtes vraiment inquiet, consultez son pédiatre, un nutritionniste ou un psychologue.
En conclusion, visez l’équilibre, pas la perfection, partage Andrée-Ann Dufour Bouchard : « L’idée, c’est de viser des changements qu’on voit avoir plaisir à maintenir pour la vie ». Privilégiez l’optique de prendre soin de vous en famille sur le long terme, plutôt que chercher à manger et à bouger parfaitement. Et ne tombez pas dans le piège du contrôle du poids, sur lequel on n’a pas toujours de prise : si vous n’atteignez pas les résultats escomptés, vous risquez de tout abandonner au détriment de la santé !
Rédaction : Florence Dujoux