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Faire un tour du monde avec ses enfants : le témoignage d’Aline Pic-Paris

Publié le : 29/05/2024

Pendant plusieurs mois, l’auteure, conférencière et consultante en parentalité en entreprise, Aline Pic-Paris, réalise un tour du monde avec ses enfants. Elle vous raconte ! 

A vos marques, prêts…embarquez pour un tour du monde en famille !  

enfant-qui-voyage.jpg26 décembre. 21h20. L’avion s’avance sur le tarmac. Prêt à décoller. Voilà un moment dont je me souviendrai toute ma vie. Après six mois de préparatifs intenses, le moment tant attendu est arrivé : celui de s’envoler pour partir à la découverte de la richesse du monde et vivre en famille une expérience hors du commun : un tour du monde pendant huit mois, accompagnée de mon mari, de nos trois enfants, alors âgés de 6, 9 et 12 ans, et de nos 15 kilos de bagages chacun. Nous laissons derrière nous nos repères, notre zone de confort, notre maison, l’école, les amis, la famille, notre mode de vie occidental ainsi que notre vie professionnelle pour se frotter à l’inconnu et à la nouveauté permanente : l’excitation est à son comble et une immense sensation de liberté s’empare de moi. Aventurière dans l’âme et fan de la vie en tribu, cette tranche de vie nomade en famille tant rêvée devient enfin réalité !

Un tour du monde en famille… pourquoi ?  

Le voyage fait partie de l’ADN de la famille que mon mari et moi avons construite et de notre approche éducative. D’ailleurs, lors de la naissance de chacun de nos enfants, la première chose que je faisais dès la sortie de la maternité était de me rendre à la mairie pour faire faire leur passeport. Mon aîné a commencé à voyager très jeune : à 6 semaines à peine, il faisait déjà un trajet Australie – France pour rendre visite à la famille.  
 
Ce tour du monde avait plusieurs objectifs : faire prendre conscience aux enfants de la richesse et de la vulnérabilité de notre planète, eux les créateurs et les protecteurs du monde de demain, leur faire expérimenter qu’il y a mille et une façons d’apprendre, aller à notre propre rencontre en tant qu’individu et en tant que famille ; renforcer nos liens familiaux ; aller à la rencontre d'autres cultures et modes de vie, s'enrichir des coutumes parentales de certaines cultures ancestrales de notre planète (elles ont tant à nous apprendre, nous, ces occidentaux si pressés !), soutenir des projets de communautés locales, s’extraire de notre rythme de vie effréné et ralentir pour mieux s’enraciner dans le moment présent , retourner sur ma terre de cœur, celle où je suis devenue mère pour la première fois, l'Australie. 

L’école de la vie   

Audace, curiosité, respect, ouverture d’esprit, adaptabilité, générosité, accueil de la différence, esprit d’équipe, protection de l’environnement, résilience, persévérance, autonomie et prise d’initiative font partie des valeurs et des compétences fondamentales que nous souhaitons transmettre à nos enfants avant qu’ils volent de leurs propres ailes.
Cette tranche de vie nomade fut notre façon unique de les développer chez chacun de nos trois enfants. Pour développer sa sécurité intérieure ainsi que sa confiance en lui, l’enfant a besoin d’un subtil équilibre entre lien, exploration et cadre protecteur. C’est pourquoi nous avons veillé à ce que ces ingrédients nous accompagnent tout au long de cette expérience de vie. Le jour du départ, au moment du grand saut dans l’inconnu, les enfants avaient quatre repères : nous leurs parents, les pays que nous allions leur faire découvrir (l’Inde, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, Singapour, l’Australie, la Polynésie et la Colombie), le logement où nous allions dormir les 5 premières nuits (tout le reste fut organisé au jour le jour) et les jours où nous ferions l’instruction en famille pour couvrir le programme scolaire français (quatre matinées par semaine). 

Au fur et à mesure des semaines, puis des mois de vie nomade, les enfants ont appris « à apprendre » différemment : comme l’écriture, la grammaire et la conjugaison à travers leurs carnets de voyages, le calcul mental à travers les taux de change, la culture générale à travers la découverte par exemple du cycle de vie d’une rizière, la géographie à travers nos kilomètres parcourus ou encore l’histoire à travers les récits passionnants des guides locaux.

Grâce à ce CP, ce CM1 et cette 5ème atypiques, ils ont mesuré l’utilité des matières enseignées à l’école pour leur future vie d’adulte. En outre, grâce à des expériences telles que se laver avec un filet d’eau froide les trois-quarts du voyage ou l’absence d’eau à l’ouverture du robinet car la citerne récupérant l’eau de pluie était vide, ils ont intégré le caractère précieux des ressources naturelles de notre planète.

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Toute la palette des émotions  

Qu’elles soient agréables (comme la joie ou l’amour) ou désagréables (comme la peur, la tristesse ou la colère), chaque émotion dont est doté l’être humain est importante et a son utilité. Tout comme une vie sédentaire, cette tranche de vie nomade fut constituée d’immenses joies et de grandes peines, de réussites et d’apprentissages, de défis et d’imprévus, de colères et d’espoirs, de peurs et de confiance.  

Elle a mis en lumière le fonctionnement de chacun et a offert l’opportunité de mieux se connaître individuellement pour mieux se soutenir mutuellement. Par exemple, nous avons rapidement remarqué que changer de logement était un exercice particulièrement difficile pour notre cadette, alors qu’elle était source d’excitation pour notre aîné. Pour avoir dormi dans 68 logements différents au cours de nos 252 jours de voyage, ce sujet revenait… très régulièrement ! Là où elle traversait la tristesse de la perte d’un repère fondamental en vie nomade, son frère le vivait avec l’excitation de la nouveauté.

Grâce à ce tour du monde, nous avons aidé nos enfants à faire un pas de plus sur le chemin de leurs compétences émotionnelles, en les invitant notamment à mettre de la conscience sur leur vécu et en accueillant leurs émotions naturelles du mieux que nous pouvions avec notre propre vécu émotionnel du moment. 

Le soutien de deux projets engagés    

Donner du sens à notre voyage était primordial. Pendant les quatre mois qui ont précédé notre départ, les trois enfants ont décidé de cuisiner sans relâche des cookies, puis de les vendre au travers de la campagne #buyourcookie afin de récolter des fonds pour soutenir des projets de communautés locales qui toucheraient notre cœur pendant le voyage.  

Ils ont ainsi récolté plus de 1 500 euros, reversés à deux causes extraordinaires qui ont croisé notre chemin en Asie : tout d’abord les actions de Wendy Leggat, à Pakbeng au Laos, à travers le Mekong Elephant Park, pour soutenir la protection des éléphants actuellement en voie de disparition et véritable drame pour l’écosystème local ; puis les actions de l’Ecole du Bayon, à Siem Reap au Cambodge, à travers son école primaire et son école de pâtisserie, pour soutenir l’éducation d’enfants et de jeunes femmes issus de milieux défavorisés au sein de la communauté des temples d’Angkor.

Grâce à ces dons, Wendy a pu financer une clôture de nuit pour ses éléphants apprenant à revivre dans leur habitat naturel après des années de captivité dans l’industrie touristique.

L’Ecole du Bayon, quant à elle, a été en mesure d’acheter trente-sept livres en khmer pour les jeunes élèves, deux paniers de basket pour la cour de récréation, quatre ventilateurs pour les chambres des étudiantes en pâtisserie ainsi que trois canapés pour aménager leur espace commun de détente.     

voyage-monde-famille (1).jpgSouvent, très souvent, pendant nos préparatifs pré-départ, j’entendais « Mais c’est de la folie de partir avec 3 enfants, en commençant par l’Inde en plus ! », « Ce n’est pas possible de lâcher votre vie ici, de mettre vos travails respectifs en pause », « Quel courage, et comment vous allez-faire pour l’école des trois enfants ?! ». Le plus beau cadeau du cancer de ma mère lorsque j’avais 6 ans puis de son décès lorsque je suis devenue toute jeune adulte après des années de souffrance est l’apprentissage de cette leçon de vie : toujours aller au bout de mes rêves, sans me laisser happer par les peurs qui appartiennent aux autres.

Oui, faire un tour du monde en famille avec des enfants, c’est possible, et il restera l’un de nos plus merveilleux souvenirs tous les cinq, fédérateur et rempli de sens.

Alors, pour les âmes aventurières qui en meurent d’envie et hésitent encore : à vos marques, prêts… foncez ! 

Aline Pic-Paris est auteure, conférencière, consultante en parentalité et formatrice. Après 15 ans en entreprise en France et à l’étranger (Australie et Suisse), elle co-fonde en 2019 Famille EquiLibre pour accompagner les mères et les pères sur le chemin de leur parentalité et de leur créativité éducative. Elle est également très investie dans le domaine de la parentalité en entreprise afin de soutenir la conciliation vie professionnelle – vie familiale et la qualité de vie au travail.  

Rédaction : Aline Pic-Paris pour Les Parents Zens

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