Publié le : 30/11/2021
Les écrans sont de plus en plus présents dans la vie des adolescents. En tant que parent, comment parler de leur utilisation avec son jeune, et quelles stratégies développer pour l’aider à garder le contrôle ?
Le temps d’écran est un sujet d’inquiétude pour de nombreux parents. Séverine, maman de trois garçons, se désole de « les voir passer tout leur temps libre sur les jeux vidéos, surtout sur Fortnite ». Pour Emmanuel, papa d’une adolescente de 15 ans, c’est plutôt les réseaux sociaux qui sont en cause. « Ma fille a quatre comptes Instagram, et en plus, elle est constamment connectée sur TikTok », partage-t-il, exaspéré.
Une préoccupation légitime, selon les experts. Si la technologie offre de multiples possibilités en termes d’apprentissage à distance et de loisirs, les études récentes démontrent que, trop ou mal utilisés, les écrans peuvent fragiliser la santé physique et mentale des jeunes.
Or, au Québec, d’après une enquête du Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO) publiée en février 2020, 26 % des 13–17 ans dépassent la durée maximale recommandée de deux heures par jour passées à la maison sur les écrans.
Préparer son intervention
Concrètement, comment guider les ados pour qu’ils fassent une utilisation raisonnable des écrans ? Voilà une question complexe, devant laquelle de nombreux parents se sentent démunis, oscillant entre culpabilité du laisser-faire et lassitude des situations conflictuelles.
Myriam Laventure, professeure titulaire au département de psychoéducation de l’Université de Sherbrooke, se spécialise sur les questions de dépendance à l’adolescence. « Les stratégies d’intervention sont les mêmes, que l’on s ‘intéresse à l’alcool ou aux écrans », affirme-t-elle.
Pour commencer, Mme Laventure recommande aux parents de définir leurs attentes, et de s’assurer d’être en cohérence l’un avec l’autre (c’est le moment de faire des compromis si nécessaire !). Selon l’experte, il est également primordial de s’interroger sur le modèle qu’on offre à son jeune. « Les ados utilisent les écrans, mais les adultes aussi », pointe-t-elle.
Faire preuve de curiosité
Inutile de planifier une conversation formelle, mais avoir un échange constructif requiert de choisir un moment où parents et enfant sont disponibles. « Commencez par écouter votre ado sur son utilisation des écrans, encourage Myriam Laventure, dans bien des cas il vous dira de lui-même qu’il y passe trop de temps ».
L’idée est de privilégier les questions ouvertes :
- Pour toi, à quoi servent les écrans (par exemple, s’informer, socialiser, etc.) ?
- Combien d’heures par jour penses-tu passer devant Internet, les réseaux sociaux et les jeux vidéo ?
- Peux-tu me faire une visite guidée virtuelle des activités en ligne que tu préfères ?
- Y a t’il des choses que tu aimerais changer ?
- Si l’adolescent reconnaît sa sur-utilisation : quels changements voudrais-tu apporter et comment (par exemple, suppression des notifications) ? En tant que parent, m’autorises-tu à être ton garde-fou ?
- Si l’adolescent est peu enclin à changer : moi, ta sur-utilisation des écrans me met mal à l’aise, es-tu prêt à faire des choses pour me faire plaisir (par exemple, en commençant par instaurer des moments sans écrans, comme les repas sans téléphone portable) ?
Plutôt que d’arrêter les limites de façon unilatérale, l’experte recommande de les discuter avec notre adolescent, pour lui donner un sentiment de pouvoir. « Ultimement, on est des parents, eux sont des enfants, rappelle Myriam Laventure. Il y a des règles à respecter, et on doit faire preuve de cohérence et de constance. Mais les conséquences devraient représenter le dernier étage de notre intervention, pas la porte d’entrée ».
Rester connecté avec son jeune
« Comme parent, c’est important de toujours garder la conversation très ouverte avec son ado. C’est difficile, parce que parfois on peut avoir l’impression d’être confronté, qu’il se moque de nous. Mais le jeune peut claquer la porte, pas le parent », estime Myriam Laventure. Pour elle, l’objectif devrait être d’outiller son enfant, de développer ses compétences personnelles pour l’amener à être autonome. « Il faut laisser son ado faire des choix » croit-elle. Dans la mesure bien sûr où son usage des écrans ne met pas sa vie en danger, ce qui requiert évidemment une intervention d’urgence.
Rédaction : Florence Dujoux