Comment accompagner un enfant « dys » ?

Publié le : 22/03/2021

Comment accompagner un enfant "dys", c'est-à-dire ayant des « troubles spécifiques du langage et des apprentissages » : dyslexie, dyspraxie, dysphasie, ainsi que certaines manifestations induites de ces troubles comme la dyscalculie, la dysgraphie ou la dysorthographie.

Découvrez les conseils d’une orthophoniste et les témoignages de parents pour aider son enfant neurotypique à s’épanouir et atteindre son plein potentiel. 

Les troubles « dys », c’est quoi ?  

Il s’agit des troubles cognitifs spécifiques qui apparaissent lors du développement de l’enfant. Dans le langage courant, les appellations « dys « identifient le domaine affecté par le trouble d’apprentissage. On parle ainsi de dyslexie (lecture), de dysorthographie (orthographe), de dyscalculie (mathématiques), de dysphasie (langage oral) ou de dyspraxie (coordination). 

Ces troubles d’apprentissage ont en commun d’être d’origine neurologique : ils ne sont liés ni à une déficience intellectuelle, ni à une stimulation insuffisante. Plus ou moins prononcés, ils sont présents à la naissance et persistent à l’âge adulte. C’est important de les diagnostiquer, car ils impactent la vie scolaire et sociale de l’enfant, et plus tard la vie professionnelle de l’adulte. 

D’après la Fédération Française des Dys, 6 à 8% des élèves d’une classe d’âge présenteraient des troubles « dys » en France : 4 à 5% d’entre eux seraient dyslexiques, 3% dyspraxiques et 2% dysphasiques. 

5 conseils pour accompagner un enfant « dys » 

1. Consulter sans tarder 

« Il y a des signes précurseurs à prendre au sérieux », partage Camille, mère de Clément, 15 ans. En maternelle, elle remarque que son fils a du mal à retenir le nom des chiffres, puis, en CP, la maîtresse l’alerte sur des difficultés en lecture, avant que le diagnostic de dyslexie et dysorthographie ne soit finalement posé en CE2.

Maud Bocquet, orthophoniste au Centre de service scolaire de Montréal (CSSDM) et en pratique privée, encourage les parents à consulter dès qu’ils ont une inquiétude « Je n’ai jamais rencontré de parent qui ne s’inquiète pour rien, même si les difficultés sont plus ou moins prononcées », affirme-t-elle.

Bon à savoir, plus on consulte tôt, plus le pronostic est favorable, car la plasticité du cerveau chez le jeune enfant facilite la rééducation. 

2. Travailler sur soi en tant que parent 

Pas facile d’accepter que son enfant ait des difficultés ! Il faut se donner du temps, croit Maud Bocquet. La fille de Stéphanie a reçu un diagnostic de dysphasie avant ses 3 ans. « À ce moment-là, je ne connaissais même pas le trouble dont on me parlait. Ça a d’abord été un choc, puis il y a une phase d’acceptation, et maintenant je suis dans l’accompagnement ». Sept ans plus tard, Stéphanie a changé de regard sur sa fille : « Quand certains enfants prennent l’autoroute, Marie emprunte les petites routes de campagne, ce n’est pas aussi rapide sur les apprentissages, mais le voyage est très beau et lui permet de se construire. Je la trouve incroyablement curieuse et attentive ». 

3. Développer des stratégies d’apprentissage 

Les moyens d’aide à mettre en place sont très nombreux, et diffèrent en fonction des enfants, du type et de l’intensité de leur trouble. Par exemple, si un petit a des difficultés langagières, on veillera à privilégier les supports visuels, à s’appuyer sur la communication non verbale (gestes, dessins, mimes) et à donner une seule consigne à la fois. Faut-il le reprendre systématiquement ? « Je déconseille fortement aux parents de toujours faire répéter leur enfant, dit l’orthophoniste. Il va être sans cesse confronté à ses difficultés, et se décourager ».

En tant que parent, mieux vaut donc se contenter de reformuler, quitte à déterminer des moments bien délimités pour travailler le son ou la construction de phrase à assimiler. 

4. Travailler en équipe 

Maud Bocquet souligne l’importance du travail d’équipe entre enseignants, spécialistes (orthophoniste, orthopédagogue, ergothérapeute) et parents, dans le meilleur intérêt de l’enfant.

Un plan d’intervention adapté aux besoins de l’élève peut être mis en place à l’école, afin qu’il bénéficie de mesures d’aide supplémentaires, comme être placé au premier rang, avoir du soutien en petits groupes, bénéficier de temps supplémentaire pour ses évaluations, etc. Mais que faire si notre enfant se sent stigmatisé ? Comme Marie, qui refuse désormais de porter un casque pour se concentrer.

Selon l’orthophoniste, la solution repose dans la communication, par exemple en encourageant l’enfant à faire un exposé sur son trouble, pour informer et sensibiliser ses camarades. 

5. Favoriser l’estime de soi de son enfant 

« Un élève ayant des difficultés d’apprentissage peut avoir une faible estime de soi, ce qui réduit sa motivation », croit Maud Bocquet. Les parents peuvent favoriser l’estime de soi de l’enfant en lui donnant des responsabilités proportionnelles à ses capacités, en lui proposant des activités dans lesquelles il se sent compétent (sports, théâtre…) et en valorisant ses efforts. « Je fixe à mon fils des objectifs intermédiaires, pour que la montagne ne soit pas trop haute à gravir, cela fonctionne bien », témoigne Camille.

L’écueil à éviter ? Maud Bocquet pointe les dérives de la société de performance, et l’anxiété créée chez les enfants quand on les pousse sans tenir compte de leurs limites. « Ce qui m’inquiète le plus, ce sont les problèmes de santé mentale chez les jeunes », confie-t-elle. 

Au terme de l’accompagnement, comment envisager l’avenir professionnel de son enfant neurotypique ? Stéphanie se demande par exemple si sa fille, qui adore les animaux, sera suffisamment armée pour accomplir son rêve de devenir vétérinaire. Maud Bocquet se montre résolument optimiste sur la capacité des enfants « dys » à trouver un métier qu’ils aiment. « Rien n’est impossible : certains de mes élèves en classe spécialisée de langage ont poursuivi leur scolarité jusqu’à l’université », témoigne-t-elle. Le secret ? « La base affective est le socle qui va permettre à l’enfant d’être disponible pour apprendre et se développer à son plein potentiel », conclut Maud Bocquet. 

Rédaction : Florence Dujoux

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